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De petites choses sans importance

Le 07 juin 2013
Notre pays aime les distinctions honorifiques, ce que Napoléon Bonaparte appelait les "hochets", objets destinés à s'attacher la fidélité de leur bénéficiaire.
 
Certaines de ces décorations sont connues pour leur prestige, réel ou supposé (que l'on songe aux "affaires" récentes. Le cas de Bob Dylan sera mis à part, histoire de goûts musicaux personnels) : Légion d'Honneur, Ordre National du Mérite pour l'essentiel.
 
D'autres le sont moins. Mais il ne faut pas croire pour autant qu'elles n'occupent pas certains esprits ... ou les emplois du temps de quelques-uns.
 
Ainsi en est-il de la médaille de la famille (la quoi ? diraient les esprits chagrins), dont l'origine se situe dès après la première guerre mondiale.
 
Selon le très sérieux code de l'action sociale et des familles (sans blague pour le coup), "la médaille de la famille est une distinction honorifique décernée aux personnes qui élèvent ou qui ont élevé dignement de nombreux enfants, afin de rendre hommage à leurs mérites, et de leur témoigner la reconnaissance de la nation".
 
Bref, c'est une distinction normalement inaccessible aux Thénardier de tous poils.
 
Pourquoi s'intéresser aujourd'hui à cette médaille?
 
Tout simplement parce qu'elle a occupé nos plus hautes autorités (voir ci-dessous), qui ont adopté un décret en date du 28 mai dernier, texte dont l'objet n'est rien de moins que:
 
- d'élargir la liste des bénéficiaires de cette médaille aux personnes ayant rendu des services exceptionnels dans le domaine de la famille (on attend les contentieux sur ce sujet);
- de tirer les conséquences de la disparition de la Commission supérieure de la médaille de la famille (et oui, ça a existé!);
- d'uniformiser le format de la médaille.
 
Sur ce dernier point, la lecture du décret permet d'apprendre que la médaille de la famille est d'un module de 33 millimètres et est frappée dans un métal bronze doré, qu'elle porte sur l'avers la représentation d'un groupe familial entouré de branches de laurier et l'inscription " Médaille de la famille ” et, sur le revers, les mots : " République française ”. Chose importante, il est précisé que la médaille se porte, suspendue à un ruban, sur le côté gauche de la poitrine (malheur au contrevenant!), que ce ruban, de 32 millimètres de largeur, est divisé, dans le sens vertical, en trois parties égales par une bande médiane vert lumière placée entre deux bandes rouge ponceau.

Une telle précision dans le détail doit susciter l'admiration pour la matière juridique et sa capacité à s'autoalimenter en permanence. Elle peut tout aussi bien amuser l'amateur de Courteline ou désoler l'idéaliste pour qui la norme est la marque d'un engagement politique (au sens le plus noble).
 
Quelle que soit l'attitude que l'on adopte sur le fond, la forme doit susciter de légitimes interrogations.
 
Car en effet, pour un adopter un tel texte, il aura fallu, dans l'ordre : un rapport de la ministre des affaires sociales et de la santé, l'avis du grand chancelier de la Légion d'honneur (là on touche au sublime), la signature du Premier Ministre et enfin le contreseing de trois ministres.
 
Simplification du droit nous dit-on ! N'y croyez pas!